Intégrer l’amélioration dans la préoccupation médicale
Marc Roux
2016-11-08 00:00:00
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Originally Published on 100 Idees on Sept. 11, 2016

De ce point de vue, la médecine ne saurait plus désormais s’en tenir à la recherche d’une thérapie n’ayant pour but que de rétablir un hypothétique état normal antérieur. De la même manière que la thérapie transforme, le soin médical doit envisager de prendre en compte l’éventuel désir exprimé par le patient de sa propre transformation physique ou métabolique, quand bien même celui-ci paraîtrait « bien portant ».



Par ailleurs, la révolution numérique bouleverse considérablement la pratique médicale, que ce soit par le nombre incalculable de données à traiter ou par l’incorporation croissante d’éléments électroniques et d’informations logicielles à même le corps humain.

Cette révolution, alliée à la volonté éventuelle des patients de s’en servir en toute connaissance de cause, doit être prise en compte par le corps médical, en dépit du fait qu’elle vise ce que le patient ou la société considèrent comme une « augmentation » ou une « amélioration » par rapport à l’état de la personne avant intervention.

Cela concerne l’ensemble de la société. Cela suppose en revanche une révolution copernicienne de la part du corps médical qui doit se former à l’analyse des nouvelles données informatiques. Elle signifie aussi .

La médecine numérique et méliorative génère un grand nombre d’opportunités mais ne va pas sans risques.

Tout d’abord, cette nouvelle manière de pratiquer la médecine ouvre un champ d’épanouissement immense à la liberté et à la créativité individuelle. Cependant, le corps médical devra assumer en contrepartie l’encadrement de pratiques qui se répandent dans nos sociétés hors de toute réglementation, de tout conseil et de toute étude systématique. La réelle prise en compte de la volonté d’augmentation des individus permettra de prévenir ces dérives.

Parallèlement, la puissance publique devra réguler l’usage des techniques numériques d’amélioration pour réduire les risques de ségrégation économique et sociale. Elle devra également investir dans la R&D des domaines de la convergence technologique NBIC pour que le plus grand nombre puisse bénéficier à moindre coût des innovations médicales fruits de la recherche.

Face à la fragilisation de notre identité personnelle, une politique de prévention adaptée et fondée sur les intérêts des individus qui ont choisi d’incorporer un objet dans leur corps devra être conduite. Conscient des risques et connaissant les composants tant matériels que logiciels amenés à constituer une partie de lui-même, l’individu augmenté doit absolument être informé et protégé contre les pressions extérieures qui pourraient mettre en péril son libre choix.